Memoire vivante du Plateau d’Avron

 

 

 

LES DEUX NEUILLY ou Rien ne va plus !

L’origine de Neuilly sur Marne remonte à l’époque Gallo-Romaine. Jusqu’au début du 19 ème siècle ce n’était qu’un vieux village blotti autour de son église qui date du temps des Croisades. Par contre, son territoire était assez étendu, de la plaine alluviale de la Marne exploitée en cultures, aux coteaux d’Avron recouverts de vignobles, et de bois sur le Plateau lui-même.

En 1862, Avron devint une petite localité administrée par un Syndicat. Vers la même époque naquirent trois autres lotissements entre Avron et la Marne : le Bois de Neuilly, le Val Plaisance et la Mare Nombry, gérés eux aussi chacun de la même manière. Quelques années plus tard, ceux-ci furent regroupés par l’autorité administrative sous le nom de Neuilly-Plaisance dépendant toujours de Neuilly sur Marne. Cette section électorale n’avait pas de budget distinct et autonome et cela généra le début de la querelle des deux Neuilly.

Ce n’était qu’un commencement car Avron qui ayant pris conscience de son entité propre souffrait d’un complexe d’abandon de la part de Neuilly sur Marne, qui s’est doublé de la conviction d’une opposition d’intérêts entre Neuilly-Plaisance et le Plateau. La section électorale de la jeune agglomération Avron/Neuilly-Plaisance connut un développement démographique plus important et bientôt, l’enfant dépassa la taille de la mère. Le nombre de Conseillers Municipaux étant proportionnel au nombre d’habitants, les nôtres furent vite majoritaires. Ils voulurent favoriser leur section et Neuilly sur Marne, flairant le danger, lança l’idée d’une séparation entre les deux pays. L’idée était séduisante pour les Nocéens et Avronnais, très flattés d’accéder au titre de « commune », mais très vite ils prirent conscience du danger. C’était un cadeau empoisonné car ne possédant rien, nos deux jeunes collectivités avaient de grands besoins qui auraient été insatisfaits. L’échéance de cette autonomie fut donc remise à plus tard.

C’est alors qu’Avron entra en jeu. Les rusés paysans de Neuilly sur Marne, voyant leur premier projet de séparation s’effondrer, se retournèrent vers les Avronnais pour exploiter leur sentiment d’abandon en insinuant que s’ils étaient délaissés, c’était la faute de la majorité détenue par Neuilly-Plaisance qui se servait financièrement avant eux. Ils proposèrent alors qu’Avron s’unisse à Neuilly sur Marne contre Neuilly-Plaisance afin que la commune mère redevienne majoritaire, en proposant monts et merveilles !

C’est ainsi que la guerre entre les deux Neuilly commença.

La séparation existait déjà virtuellement. Le vieux pays avait une population sédentaire et agricole alors que le nouveau était composé de commerçants, d’employés, de citadins regagnant la capitale tous les jours pour y travailler. La différence des mentalités, du comportement social et administratif était totale. De plus, une grande étendue de champs de culture de deux kilomètres de large séparait les deux agglomérations. Malgré la logique de la séparation, la lenteur administrative, la lourdeur du dossier, les allées et venues entre Neuilly, Pontoise, Versailles et Paris, firent traîner les choses pendant qu’on s’entredéchirait sur le terrain. Tous les Avronnais à part un, avaient signé la pétition pour le rattachement à Neuilly sur Marne.

L’enquête commencée en 1885, dura des années et le vote démocratique qui eu lieu montra l’indécision et la division de l’opinion des Nocéens qui avaient peur de cette autonomie à laquelle ils n’étaient pas prêts. Les Conseillers de Neuilly sur Marne firent une campagne acharnée pour conserver la section électorale d’Avron mais le Conseil Général du Raincy trancha. L’absence de route entre les deux localités, l’abandon de la voie seigneuriale qui reliait le Château d’Avron à l’Eglise de Neuilly sur Marne, firent qu’Avron rata son indépendance !

Le statuquo fut maintenu mais la séparation faisait son chemin, ce n’était plus qu’une question de temps et de procédure.

D’après des écrits d’André COMMECY