Journal de la guerre
La guerre de 1870 n ’a duré que 4 mois mais ce pénible épisode, bien que court, a été catastrophique pour notre village qui venait à peine de naître. Il l’a été encore plus pour les soldats qui ont vécu sur notre plateau cette période dramatiquement éprouvante. Début SEPTEMBRE L'autorité militaire française décide d'occuper le plateau d'AVRON. Sa situation en avant des forts de NOGENT et de ROSNY ; ses 115 mètres de haut permettant d’observer les hauteurs du RAINCY, la plaine de BONDY et la Vallée de la Marne, en font une position stratégique. Dans le but de son occupation, l’état major adopte un plan de travaux de protection, de défense et d'observation. 12 SEPTEMBRE L'amiral SAISSET, commandant au fort de Rosny, inspecte le plateau et décide la destruction de la plupart des maisons d'habitation (20 sur 34) qui pourraient servir de point de mire ou d'abri à l'ennemi. L'établissement de Monsieur PINEAU qui se trouve en haut de la côte des Fauvettes au lieu-dit « les Bruyères» en fait partie. Le restaurateur a 1/2 heure pour quitter les lieux avec sa famille. 17 SEPTEMBRE Mille travailleurs gardés par des hommes armés coupent et incendient le bois d'AVRON. La destruction des arbres et de la végétation est considérable. Pourtant, de Septembre à fin Novembre, ni les Français, ni les Prussiens, n’occupent le Plateau d’AVRON, chacun pensant que cette position reste très difficile à tenir. Les Prussiens préfèrent occuper NEUILLY-SUR-MARNE et MAISON-BLANCHE
12 OCTOBRE Ce matin, le lieutenant colonel REILLE, commandant le 7ème régiment des gardes mobiles du Tarn effectue une reconnaissance importante dans le but de s'assurer de la présence des forces ennemies au BOIS de NEUILLY sur MARNE et au plateau d 'AVRON. Les postes prussiens se sont repliés. Le village du bois de NEUILLY est occupé et fouillé dans tous les sens. Trois compagnies sous les ordres du Commandant FOUCAUD gravissent les pentes d'AVRON. Une division du 1 er régiment de Chasseurs fouille la partie dénudée du plateau en tous sens sans voir d'ennemis, sauf du côté de VILLEMOMBLE, en arrière du village. L'infanterie prend à revers le bois où l'ennemi s’est retiré. Celui-ci n'essaye pas de le défendre, bien qu'il y ait fait des abattis. 14 OCTOBRE Les Bas Bretons, guidés par un Enseigne de Vaisseau du fort de ROSNY et par leur Capitaine, occupent AVRON. Une fois sur les hauteurs, les mobiles rampant à travers les vignes surprennent les grand-gardes ennemies en avant de VILLEMOMBLE. Ils engagent le combat. Une vive fusillade éclate et les prussiens se replient dans le village où ils sont poursuivis par les tirailleurs. 15 OCTOBRE Des gens de toutes conditions recueillent les fruits de la terre sur toute l'étendue de la plaine de ROSNY et aux environs de BOBIGNY. Ils sont sous la protection des mobiles du Finistère et du Nord et sous celle de l'infanterie de ligne. 17 OCTOBRE Un peloton assez important de Prussiens est signalé à l'extrémité du PLATEAU D' AVRON. Le fort de Nogent envoie des obus sur les hauteurs. 18 OCTOBRE Quelques compagnies gravissent les pentes d'AVRON, occupent tout le Plateau et tiraillent à son extrémité sur le poste avancé de MAISON-BLANCHE. Aussitôt AVRON occupé, des tirailleurs entrent dans le village du BOIS DE NEUILLY totalement évacué. Ils le dépassent et se portent sur NEUILLY-SUR-MARNE où l'ennemi s’est retranché en forces considérables. Les Prussiens qui effectuent également des patrouilles, font un prisonnier français. 26 OCTOBRE
Tempête, brouillard, la pluie tombe à torrents. La situation militaire est désastreuse après la reprise du BOURGET par les Prussiens, la Capitale apprend la reddition de METZ. Des projets d'armistice semblent annoncer la capitulation prochaine. La nourriture manque et le moral des assiégés est au plus bas. Le même jour l’insurrection gronde à PARIS. L’Hôtel de Ville est envahi. Les négociations entamées avec l’ennemi sont rompues, il n’y aura pas d'armistice. L'armée se réorganise. Pour briser les « Cercles de Fer», des sorties sont envisagées. |
14 NOVEMBRE Le bruit court que l'armée de la Loire vient de remporter à COULMIERS une victoire éclatante. Elle aurait occupé ORLEANS et ferait maintenant route vers PARIS. Il faut essayer d’atteindre CHAMPIGNY puis LAGNY et de foncer vers le sud pour aller au devant de l'armée de la Loire supposée toute proche. Pour cela, il faut trouver un champ de bataille favorable pour essayer de la rejoindre. Après d'autres positions, le secteur de la Vallée de la Marne est retenu. Dès la mi-novembre, on recommence à s'intéresser sérieusement à la position d'AVRON. 25 NOVEMBRE Depuis quelques jours de grands déplacements de troupes ont lieu à PARIS. L'ennemi qui a des espions, sait qu'une sortie va être effectuée et commence à prendre ses dispositions. Afin de protéger l'avance de nos troupes le long de la vallée de la Marne et leur ascension des coteaux de CHAMPIGNY, VILLIERS et BRY, on compte d'abord sur les forts et ensuite, plus avant, sur la protection d'AVRON. Il faut donc occuper le Plateau d’AVRON. LA NUIT du 27 au 28 NOVEMBRE Dans la nuit du 27 au 28, on réunit à gauche du fort de ROSNY la division d'HUGUES avec son artillerie divisionnaire : En avant du fort, 3.000 marins, 200 sapeurs du génie ou auxiliaires, À droite du fort, la division BELLEMARE avec son artillerie divisionnaire et 3 batteries de 12, tirées de la réserve du 3ème Corps d'armée. La division d'HUGUES est suivie de deux batteries de 12, 6 pièces de 24 courts, 6 pièces de 7 et sur des voitures bien attelées : 1500 pelles, 1500 pioches, 200 haches, 20 scies (dites passe-partout), 20 masses, 50 dames, 8 sacs de poudre de 15 Kg chacun, 20.000 sacs de terre. Le déroulement de la journée du 29 novembre est scrupuleusement mis au point par l’état major. Les marins traverseront le Plateau dans toute sa longueur, de l'ouest à l'est s'arrêteront à l'éperon extrême situé à l'est et s'y retrancheront. Dans le cas ou l'ennemi occuperait le Plateau et particulièrement « le Château », l'action de l'infanterie sera préparée par une vive canonnade du Fort de ROSNY et de l'artillerie des divisions d'HUGUES et BELLEMARE ... » Comme beaucoup de préparations faites par les états-majors loin du lieu de l'action, les prévisions sont complètement erronées. Le plan est fait d’après une ancienne carte et personne ne s’est renseigné de la topographie exacte des lieux : le château n'existait plus depuis bien longtemps. 28 NOVEMBRE Une reconnaissance opérée par le Colonel STOFFEL et le Lieutenant-colonel DEVEZE montre que les Prussiens n'occupent pas le Plateau d’AVRON. L’Amiral SAISSET qui a sous ses ordres la division d'HUGUES appuyée par la division BELLEMARE et 3000 gardes nationaux, met son monde en marche dès le 28 au soir. Dans la nuit, il s'installe dans la position sans avoir à tirer un seul coup de fusil et fait immédiatement construire par les marins et les artilleurs du corps franc, une série de batteries de position qui sont armées dans la journée. AVRON bombarde la commune de NOISY au devant des troupes françaises, mais le général DUCROT, artisan de la bataille de CHAMPIGNY est bloqué. Le Général d'EXEA hésite et reste sur la rive droite de la Marne au lieu de traverser celle-ci. 2 DÉCEMBRE Les Prussiens attaquent sur toute la ligne à la fois depuis CHAMPIGNY jusqu'à BRY. Ils ont reçu de leur arrière un ravitaillement important: armes, vivres et munitions pendant la journée de trêve. Les combats de CHAMPIGNY sont terribles. Des hauteurs de la rive gauche de la Marne, de véritables duels d'artillerie sont engagés par les Prussiens avec le Fort de NOGENT et les batteries d'AVRON. Ils mettent en évidence l'infériorité de l’artillerie française. 3 DÉCEMBRE
DUCROT est convaincu qu'il est inutile de résister, une nouvelle attaque serait s'exposer à un désastre certain. Il faut repasser la Marne et rentrer dans PARIS. Pour faire croire à une attaque, toute l’artillerie est mise en action. L'évacuation des diverses positions s'effectue en bon ordre. 5 DECEMBRE Un parlementaire apporte la lettre suivante adressée par Monsieur de MOLTKE au Général TROCHU. « Versailles le 5 Décembre 1870. Il paraît être utile d'informer votre Excellence que l'armée de la LOIRE a été défaite près d'ORLÉANS et que cette ville a été récupérée par les troupes allemandes. Si toutefois, votre excellence juge à propos de s'en convaincre par un de ses officiers, je ne manquerai pas de le munir d'un sauf-conduit pour aller et venir. » L'armée de la Loire n'est donc pas dans la région de FONTAINEBLEAU mais chassée d'ORLÉANS, elle s'éloigne de PARIS. Il n'y a donc plus aucune urgence de tenter de la rejoindre. Le drapeau blanc est hissé sur le Plateau d'AVRON, sur le Fort de ROSNY, ainsi que sur les lignes Prussiennes. Une trêve locale a commencé ce matin. La division d'HUGUES conserve le plateau d'AVRON. L'occupation de cette importante position est le seul résultat obtenu grâce aux combats des jours précédents. D'après le Général VINOY, c’est une hauteur très incommode pour l'ennemi qui est obligé d’abandonner le pont de GOURNAY pour se rejeter sur CHELLES. Il est même forcé d'arrêter à BROU les convois de chemin de fer nécessaires à son ravitaillement. La route de CHELLES à VILLEMOMBLE lui est désormais interdite pour les transports. |
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©2005 Guerre 1870 - Plateau d'Avron - Neuilly Plaisance |