Memoire vivante du Plateau d’Avron

 

Jusqu’en 1892, bien qu’éloigné de cette petite bourgade, nous avons fait partie de Neuilly sur Marne. Celle-ci, n’avait pas les moyens financiers de s’occuper réellement de notre voirie. C’est donc au Syndicat d’Avron que revint cette lourde responsabilité. Le premier Syndic, Monsieur de L’Isle lui-même, avait établi un cahier des charges très strict et qui engageait sur certains points l’avenir du Plateau à perpétuité. En effet, le tracé des routes ne devrait jamais être modifié, ce qui jusqu’à ce jour a été respecté sauf pour l’avenue des Caves d’Avron, mais ceci est une autre histoire.

Pendant longtemps, il n’y eut dans les livres de compte que des soldes déficitaires, les sommes demandées aux propriétaires étant ridiculement basses. Les pauvres syndics qui se sont succédés ont du s’arracher les cheveux ! Et pourtant, comme André Commecy l’a dit dans une de ses chroniques :

…… « Les équipements d’Avron à usages collectifs se seront jamais plus beaux que ceux qu’il posséda dans les premières années de son existence. La nature, en effet, les lui avait donnés en mettant à sa disposition les deux matériaux de choix que sont les arbres et l’herbe. Ses avenues tracées à travers les taillis et la haute futaie de son bois, bénéficiaient d’ogives de verdure sous lesquelles il était agréable de marcher par les étés torrides. Ses trottoirs offraient aux promeneurs leur tapis d’herbe douce. Le garde cantonnier les taillait à l’hoyau, remplaçant ainsi d’une façon champêtre les bordures de grès qui sont maintenant le dur signe des vicinalités urbaines. »

Ceux-ci ont perduré jusqu’à la deuxième moitié du 20 ème siècle dans bien des rues. Il était agréable, par les douces soirées d’été de s’asseoir dans cette herbe où l’on bavardait avec ses voisins jusqu’à nuit tombée. Les habitants de la rue Xavier Goût dans les années 50 avaient d’ailleurs baptisé la leur avec beaucoup d’humour : « Le Boulevard Fait D’Herbe »….

Une fois le problème des rues d’Avron résolu, il fallut s’attaquer à un autre, bien plus ardu, celui des voies d’accès au Plateau. Il en existait quatre à l’époque à l’époque qui ne méritaient pas vraiment le nom de routes : la rue d’Avron (dite du Cimetière) à Villemomble et celle du Bois Châtel qui desservaient Beauséjour et se continuaient en chemins de culture défoncés, praticables uniquement par les paysans et leurs tombereaux. Il y avait bien une bonne route qui montait de Rosny, (l’actuelle rue Jules Guesde) en direction de Beauséjour mais là aussi, le Plateau n’était raccordé que par des chemins de terre.

 

Vers Villemomble, Gagny, il y avait la Côte de l’Abyme dont le nom évocateur veut tout dire ! C’est pourtant celle-ci que les Avronnais empruntaient pour aller se ravitailler auprès des commerces gabiniens les plus proches.

Pour aller vers notre commune d’alors, Neuilly sur Marne, il n’y avait que la Côte des Fauvettes dont la pente était vertigineuse et n’avait de route que le nom.

Aucune des communes avoisinantes sollicitées par notre Syndicat, n’accepta de se raccorder à notre hameau, cela engendrait trop de frais pour une faible rentabilité. Neuilly sur Marne qui commençait ses démêlés avec la ville naissance de Neuilly-Plaisance ne voulait pas engager des dépenses en faveur d’un territoire qui allait lui échapper.

C’est peut-être à cause de cet isolement qu’est né l’esprit indépendant et frondeur qu’ont conservé encore à ce jour les Avronnais et ce n’était que le début car la guerre entre les deux Neuilly n’allait rien arranger !